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Le Havre - Terre de Normandie
20 janvier 2010

Eleganza di Venezia (3/4).

Pour ce 3ème et avant-dernier post je vais vous parler des éléments qui gravitent autour du Carnaval et qui en font son charme ou sa réputation.

Au 18ème Siècle, le carnaval de Venise commençait dès le premier dimanche d'octobre jusqu'à Noël, puis il reprenait depuis l'Epiphanie jusqu'à mardi gras minuit (où la cloche annonçait la fin des festivités). Il recommençait à l'ascension, pour deux semaines et il  ressuscitait à chaque élection d'un nouveau doge, à la Saint-Marc ou à n'importe quelle occasion.
La période du carnaval ouvrait la saison des opéras ou des comédies et tout Venise attendait les nouveautés avec impatience. Par exemple, en 1749 Goldoni  s'engageait à livrer 16 nouvelles comédies pour le carnaval. Les amateurs de la Commedia dell'arte trouvaient satisfaction, quant à eux avec Gozzi.

Albinoni et Vivaldi se chargeaient des opéras, les meilleurs interprètes ravissaient un public très friand de belles voix. Certaines coûtaient très cher, le célèbre Farinelli demandait des cachets astronomiques. Qu'importe ! A Venise, la musique est une passion, parce que Venise est le pays de la musique. Le jeune Mozart était présent au carnaval de 1771.
Les belles dames aimaient particulièrement se rendre à l'opéra, où leurs toilettes resplendissaient sous les lumières des grands lustres qui faisaient scintiller leurs bijoux (c'était aussi la fête de la mode et de l'élégance).

Aux farces et aux festivités s'ajoutaient les plaisirs et les dangers du libertinage ainsi que la passion du jeu. Quand le divertissement de la place se termine, celui du réduit (ridotto) peut commencer. Le Ridotto, ancêtre du casino, était ouvert chaque soir et il était accessible à tous et à toutes, à la seule condition de porter le masque. Sous la direction de nobles non masqués, on y jouait à toutes sortes de jeux (la bassette, le piquet et surtout le pharaon).
Sur les tables de jeu des sommes énormes changeaient de mains dans un silence parfait malgré l'affluence, et les masques couvraient le désespoir des malheureux perdants. Le carnaval était la période bénie des aventuriers et des "accros" du jeu comme Casanova et Da Ponte.
Etant également un lieu privilégié pour les rencontres, des femmes de toutes les couches de la société s'y trouvaient sous le masque, avec lesquelles on pouvait converser, jouer ou flirter. Les entremetteurs de tout poil étaient prompts à rendre service, particulièrement aux riches étrangers. Mais attention au masque voisin, sous lequel pouvait se cacher l'espion ou le mari jaloux dont les sbires pouvaient suivre l'audacieux à la sortie.

Aux blagues et farces de tout acabit qui aidaient à exorciser les tracas et les petites humiliations de la vie courante, s'ajoutaient les intrigues amoureuses et les rencontres discrètes qui se concrétisaient en rendez-vous secrets. Car le respect  qui était dû au masque ouvrait toutes les portes, y compris celles des palais et des couvents, tout en garantissant l'incognito.
Dans l'Histoire de ma vie,  Casanova raconte comment un jeune patricien a éloigné un mari encombrant avec la complicité de ses compagnons (Casanova en faisait partie) qu'il fit passer pour des envoyés des Dix venus l'arrêter.
Ils l'emmènent et l'abandonnent sur l'île San Giorgio avant d'aller retrouver à l'auberge ceux qui étaient restés avec la belle. Ainsi tout le monde passa une soirée fort divertissante…


_MG_3660

Canon EF 50 mm f/1.8 II - 50 mm - f/3.5 - 1/40 s - ISO 125 (+0,67 EV)
Mesure évaluative - Mode TV 

Post-traitement sous Photoshop Elements 6.0 (Camera Raw 5.3) + LucisArt
& PhotoFiltre
- Dimanche 17 janvier - 22h39 -

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Commentaires
M
La mise au point sur ce détail précieux est superbe!Cela donne une belle impression de mystère caché...<br /> Bises.
A
J'ai eu peur quand j'ai vu tout ce texte. Mais je m'y suis plongé avec délice, complètement transporté dans cette ambiance de folie autorisée. Cette grande fête ou on perd toute ces notions élémentaires, de temps, de classe, ou l'anonymat permet à tous de rester sur la même ligne. Moi qui n'en avais que l'esprit de carnaval et des costumes si colorés et magnifiques. Merci pour cet historique si bien détaillé.
M
Tu me donnes envie d'y faire un tour à ce fameux carnaval , je vais voir avec Phyll...!<br /> Superbe cliché asse efficace dans sa composition une question de profondeur de champ [smiley108.gif]<br /> Saint marc
S
J'aime beaucoup ce choix d'avoir fait la mise au point sur le premier plan et laisser le deuxième dans le flou.
D
On en apprend des choses en venant ici. [smiley127.gif]<br /> <br /> De toute cette culture Italienne passée, il en reste quelque chose dans leur manière de vivre aujourd'hui. C'est ça aussi qui fait le charme d'un voyage dans ce pays frère !<br /> <br /> [smiley127.gif] [smiley108.gif] [smiley127.gif]
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