Eleganza di Venezia (3/4).
Pour ce 3ème et avant-dernier post je vais vous parler des éléments qui gravitent autour du Carnaval et qui en font son charme ou sa réputation.
Au 18ème Siècle, le carnaval de Venise commençait dès le premier dimanche d'octobre jusqu'à Noël, puis il reprenait depuis l'Epiphanie jusqu'à mardi gras minuit (où la cloche annonçait la fin des festivités). Il recommençait à l'ascension, pour deux semaines et il ressuscitait à chaque élection d'un nouveau doge, à la Saint-Marc ou à n'importe quelle occasion.
La période du carnaval ouvrait la saison des opéras ou des comédies et tout Venise attendait les nouveautés avec impatience. Par exemple, en 1749 Goldoni s'engageait
à livrer 16 nouvelles comédies pour le carnaval. Les amateurs de la Commedia dell'arte trouvaient satisfaction, quant à eux avec Gozzi.
Albinoni et Vivaldi se chargeaient des opéras, les meilleurs interprètes ravissaient un public très friand de belles voix. Certaines coûtaient très cher, le célèbre Farinelli demandait des cachets astronomiques. Qu'importe !
A Venise, la musique est une passion, parce que Venise est le pays de la musique. Le jeune Mozart était présent au carnaval de 1771.
Les belles dames aimaient particulièrement se rendre à l'opéra, où
leurs toilettes resplendissaient sous les lumières des grands lustres
qui faisaient scintiller leurs bijoux (c'était aussi la fête de la mode et de l'élégance).
Aux farces et aux festivités s'ajoutaient les plaisirs et les dangers du libertinage ainsi que la passion du jeu. Quand le divertissement de la place se termine, celui du réduit (ridotto) peut commencer. Le Ridotto, ancêtre du casino, était ouvert chaque soir et il
était accessible à tous et à toutes, à la seule condition de porter le
masque. Sous la direction de nobles non masqués, on y jouait à toutes sortes de jeux (la bassette, le piquet et surtout le pharaon).
Sur
les tables de jeu des sommes énormes changeaient de mains dans un
silence parfait malgré l'affluence, et les masques couvraient le
désespoir des malheureux perdants. Le carnaval était la période bénie des aventuriers et des "accros" du jeu comme Casanova et Da Ponte.
Etant également un lieu privilégié pour les rencontres, des femmes de toutes les couches de la société s'y trouvaient sous
le masque, avec lesquelles on pouvait converser, jouer ou flirter. Les
entremetteurs de tout poil étaient prompts à rendre service,
particulièrement aux riches étrangers. Mais attention au
masque voisin, sous lequel pouvait se cacher l'espion ou le mari
jaloux dont les sbires pouvaient suivre l'audacieux à la sortie.
Aux blagues et farces de tout acabit qui aidaient à exorciser les
tracas et les petites humiliations de la vie courante, s'ajoutaient les
intrigues amoureuses et les rencontres discrètes qui se concrétisaient
en rendez-vous secrets. Car le respect qui était dû au masque ouvrait toutes les portes, y compris celles des palais et des couvents, tout en garantissant l'incognito.
Dans l'Histoire de ma vie, Casanova
raconte comment un jeune patricien a éloigné un mari encombrant avec la
complicité de ses compagnons (Casanova en faisait partie) qu'il fit
passer pour des envoyés des Dix venus l'arrêter.
Ils l'emmènent et l'abandonnent sur l'île San Giorgio avant d'aller retrouver à l'auberge ceux qui étaient restés avec la belle. Ainsi tout le monde passa une soirée fort divertissante…
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- Dimanche 17 janvier - 22h39 -